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Quand Joann Sfar nous fait découvrir son Algérie

Nous y avons pensé depuis le jour de notre rencontre et nous l’avons enfin fait: notre podcast La vérité si je mens plus, consacré à l’identité séfarade dans ses mille nuances, est enfin en ligne! Pour le premier épisode, nous avons reçu le dessinateur Joann Sfar qui est revenu pour nous sur son histoire juive algérienne, celle qui a inspiré le décor de son célèbre Chat du Rabbin, et dont il évoque la transmission dans La Synagogue. Ensemble, nous avons évoqué la mémoire millénaire des juifs en terre méditerranéenne, un héritage pas toujours aussi joyeux que les stéréotypes ne le laissent entendre.

Joann Sfar : « On apprend à être fier de l’identité séfarade »

C’est pour offrir un espace à ce judaïsme à la fois familier et méconnu que nous instaurons ce rendez-vous mensuel, en partenariat avec RCJ, disponible sur toutes les plateformes d’écoute. Après l’Algérie, c’est la Tunisie qui sera à l’honneur dans notre prochain épisode, où nous recevrons l’autrice Michèle Fitoussi, qui publie La famille de Pantin, un roman dédié à son bagage juif tunisien. À écouter et à partager!

Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain

 

« À l’écoute », le podcast de la Fondation Casip-Cojasor

« À l’ écoute » est le podcast de la Fondation Casip-Cojasor, produit et réalisé par Milim. Ce rendez-vous mensuel vous permet de découvrir les coulisses de la Fondation à travers les voix des personnes qui la font vivre.

Ce premier épisode retrace l’histoire du Casip-Cojasor depuis sa création au début du 19ème siècle, en même temps que le Consistoire. L’historienne Laura Hobson-Faure revient sur les moments-clés de la philanthropie juive française, notamment l’accueil des réfugiés d’Europe de l’Est, l’aide humanitaire après la Shoah ou encore l’accueil des exilés séfarades. La directrice générale du Casip-Cojasor, Karène Fredj, et le directeur de la communication et du fundraising, Laurent Dorf, détaillent les grandes lignes de l’action de la Fondation Casip-Cojasor aujourd’hui.

Vos photos sont des trésors

Elles sont là, au fond d’un tiroir ou d’une boîte à chaussures, et nous ne pensons même plus à les regarder. Elles font partie des meubles, ces photos de nos aïeux que nous n’avons pas ou peu connus, dont nous ignorons la vie, les traits de caractère, les petits bonheurs, les espoirs et les illusions perdues… tout ce qui jalonne une existence.

Et pourtant, sur le papier glacé, leur visage est à portée de main, il nous semble qu’il nous parle et nous passe un message venu d’un autre temps. Nous sommes tenté·es d’interpréter une ressemblance physique ou un regard rieur quand, au contraire, une mine sombre paraît porteuse d’une mauvaise nouvelle. Parfois, en second plan apparaît un paysage inconnu ou un lieu familier. Les tenues, elles aussi, nous disent quelque chose de l’instant immortalisé, d’une époque, d’un milieu social ou d’un pays.

En partageant sur nos réseaux vos archives familiales, vous redonnez vie à ces parents plus ou moins lointains, et vous nous aidez à composer une mosaïque d’archives individuelles qui forment quelque chose de plus grand. Des petites histoires qui font la grande.

Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain

Le récit d’une vie, ça tient en combien de pages?

Lorsque nous parlons de notre activité chez Milim, nous nous entendons répondre régulièrement: «Je n’ai rien à raconter», «L’histoire de ma famille n’est pas intéressante», «Chez moi, il ne s’est rien passé d’incroyable», «Le récit de ma vie ne fera que quelques pages»… Beaucoup de gens croient qu’il faut s’appeler Winston Churchill ou Michelle Obama pour rédiger ses mémoires. Pourtant, il suffit de quelques minutes de discussion pour découvrir que chaque famille, même la plus banale en apparence, a vécu son lot d’aventures, de vaudevilles ou de drames, dont l’écho se transmet de génération en génération, sans que l’on n’arrive toujours à poser des mots dessus. Des vies qui, bien sûr, méritent d’être racontées, sur davantage que deux ou trois pages.

Avec nos témoignages biographiques sonores et écrits, nous proposons de vous accompagner dans ce processus, en interviewant vos proches, vos ami·es, vos collègues, et en en fabriquant un podcast et un livre. Si la démarche s’avère enrichissante pour les personnes que nous interrogeons et leur entourage, elle l’est tout autant pour nous, qui découvrons, au fil de l’échange, un parcours riche de rencontres, d’interrogations, de joies, de peines, de hauts, de bas, de succès, d’échecs. La vie, en somme. Entrer dans l’intimité de quelqu’un, c’est découvrir des choix qui auraient pu être les nôtres ou ceux de nos parents, qui le sont d’ailleurs parfois, c’est à la fois se projeter et écouter. Quelle que soit notre origine et notre trajectoire, nous faisons face aux mêmes questionnements, et c’est ce que nous découvrons chaque jour en travaillant chez Milim. L’intime est universel, on ne le répètera jamais assez.

Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain

L’Arabe du Futur de Riad Sattouf : en quête de soi

Quand j’ai terminé le Tome 5 de l’arabe du Futur de Riad Sattouf, je me suis demandée comment j’allais attendre la suite. Comme une folle, je me suis mise à faire des recherches sur internet, à parcourir les biographies de Riad, à lire toutes ses interviews, et à regarder les vidéos dans lesquelles il intervenait.

Je voulais continuer mon chemin avec cet enfant blond et chétif qui dessine si bien, avec cet ado maladroit qui n’y arrive pas vraiment. Je voulais repartir en Bretagne chez sa grand-mère, j’avais peur pour lui, pour son frère, peur de son père et j’appréhendais qu’il retourne en Syrie avec lui.

Riad Sattouf réussit ce tour de force en ne parlant que de lui et de son enfance, à nous renvoyer constamment à nous-même. L’arabe du Futur soulève de nombreuses questions très profondes comme l’identité, la violence, la sexualité et les liens familiaux mais ces questionnements restent en suspens, ils ne se lisent qu’entre les lignes et deviennent finalement au long de la lecture des quêtes intimes du lecteur plus que de l’auteur lui-même. Ruez-vous sur le Tome 6 !

L’Arabe du futur, une jeunesse au Moyen-Orient (1978-2011) Riad Sattouf, Allary Editions, Novembre 2022

Elisa Azogui-Burlac

Podcast « Sur nos roots » : la jeunesse juive de France en quête de ses origines

Le weekend du 11 novembre 2022, s’est déroulé à Lyon un grand rassemblement de la jeunesse juive engagée en France. Organisé par le FSJU, ce séminaire NOÉ a réuni 150 responsables associatifs venus de la France entière. Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain, cofondatrices de Milim, ont échangé avec certains d’entre eux à l’occasion d’une masterclass sur la question de la transmission entre générations. De cette conversation, est né ce podcast de témoignages personnels sur les héritages familiaux, reflétant la diversité du judaïsme français, et les questions auxquelles est confrontée la jeune génération aujourd’hui.

Non, une biographie n’est pas posthume !

Il y a une crainte chez les personnes qui commandent la biographie d’un de leurs proches. Ils sont gênés. Ils n’osent pas leur parler tout de suite du projet. Ils reculent un peu avant de se décider. Ils cherchent par exemple le “bon moment pour en discuter”.

Derrière ces réticences, il y a la peur : en disant à l’autre “Transmets-moi ton histoire”, ils ont le sentiment de lui demander d’écrire son épitaphe. Ils se réfèrent à un futur où l’autre ne sera plus et cette démarche semble ouvrir une discussion sur la mort prochaine de la personne.

Comme si cette parole “Transmets-moi ton histoire” était performative et conduisait directement à cet “avant qu’il ne soit trop tard”qu’ils ont en tête. Comme si, finalement, la transmission ne pouvait se faire que du mort au vivant, que la mémoire ne pouvait s’écrire qu’au passé.

Alors bien entendu, dans tout travail de mémoire et de transmission, il y a l’idée de laisser une trace plus longue que nos lignes de vie. La biographie n’y échappe pas. Mais écrire une biographie n’est pas un projet posthume et chaque histoire que nous avons entendue nous conforte même à penser le contraire. C’est du vivant au vivant que se transmettent les plus belles histoires.

Le regret de nombreuses personnes que nous avons enregistrées est justement de n’avoir pas assez questionné leurs proches quand ils étaient plus jeunes. D’avoir été passifs dans cette transmission inter-générationnelle et de ne pouvoir compter aujourd’hui que sur leurs souvenirs pour transmettre à leur tour.

“J’ai le sentiment d’avoir été injuste, de pas avoir été suffisamment présent avec mes grands-parents, de ne pas avoir accordé suffisamment de place à mes parents quand c’était possible, ça me torture car c’est irrémédiable, c’est irréversible.”

Effectivement, cette parole “Transmets-moi ton histoire” est performative. Elle ouvre une nouvelle conversation avec l’autre, elle délie et délivre de certains enjeux familiaux, elle dit à l’autre “J’accepte ton récit ». Elle engage ainsi un nouveau dialogue, qui n’est d’ailleurs  jamais trop tôt à avoir.

Elisa Azogui-Burlac

« Les enfants des autres »: Transmettre sans être parent

Au cœur du nouveau film de Rebecca Zlotowski, Les Enfants des autres, il y a de nombreuses problématiques allant de la belle-maternité à la naissance d’un nouvel amour en passant par le deuil. Mais il y a une thématique qui nous est particulièrement chère chez Milim, c’est celle de la transmission. Au début du film, la protagoniste Rachel, jouée par Virginie Efira, n’est en effet ni en couple ni  mère à 40 ans, et se retrouve confrontée à la question des liens familiaux et de la transmission. Que transmet-on et à qui quand on n’est pas parent? Et quand on l’est, transmet-on pour autant?

Le film répond en partie à cette interrogation existentielle et propose plusieurs pistes. Déjà en faisant du personnage de Rachel une prof, qui suit certains élèves de plus près que d’autres et s’investit pleinement dans sa profession, centrale dans le partage des savoirs. Et comme la plupart d’entre nous, Rachel est aussi une sœur, une fille, une amante, une amie, une tante, une belle-mère… autant de rôles qui la mettent en position de léguer ce qu’elle vit et ce qu’elle sait. Car la transmission a-t-elle une autre vocation que celle de nous rassurer sur l’utilité de notre passage ainsi que sur les traces que nous laisserons ? Si la question se pose de façon plus aiguë pour une personne célibataire n’ayant pas d’enfants, elle est finalement assez universelle. La comédienne Virginie Efira, à la fois mère et en couple, dit d’ailleurs en interview que la lecture du scénario Les enfants des autres l’a renvoyée à sa propre solitude d’être humain. À cette question aussi vertigineuse que passionnante, la réalisatrice Rebecca Zlotowski, qui ne cache pas la part largement autobiographique de ce film, répond de façon lumineuse avec un film qui devrait parler au plus grand nombre.

Myriam Levain

Mémoire et filiation au cœur de la rentrée littéraire 2022

Si le prix littéraire Milim existait, nous aurions l’embarras du choix pour la sélection, tant la rentrée littéraire est riche en plumes explorant leur héritage familial. Qu’il s’agisse d’une mémoire géographique (l’Algérie de Kaouther Adimi et Emmanuel Ruben, le Liban de Sabyl Ghoussoub, le Sénégal d’Amina Richard, le Kurdistan de Mehtap Teke, la Russie de Polina Panassenko, l’Espagne de Maria Larrea…) ou d’une quête psychanalytique –Anthony Passeron, Maud Simonnot, Emma Marsantes, Sarah Jollien-Fardel, Xavier Le Clerc écrivent sur le sida, le deuil, le suicide, la maltraitance et la misère qui ont marqué leurs familles. Enfin la mémoire de la Shoah est encore vivace et se trouve au cœur des romans de Lola Lafon, Cloé Korman, Sonia Devillers et Joachim Schnerf.

La transmission familiale est un puits sans fond de création littéraire et n’a pas attendu 2022 pour s’inviter dans les pages des romans, mais toutes ces autrices et auteurs ont en commun d’aller chercher directement l’inspiration dans les bagages de leurs parents, ceux qu’ils n’ont pas réussi à ouvrir ensemble, et que la plus jeune génération est parfois lassée de trimballer. Une démarche dans laquelle nous nous reconnaissons parfaitement et qui est à l’origine même de notre société Milim: il flotte décidément dans l’air de cette rentrée un parfum d’enquête et de quête familiales.

Myriam Levain

Dans les albums de famille nazis

Les photos de famille n’en finissent pas de révéler leurs secrets, même quand ce ne sont pas les plus glorieux. La journaliste Johanna Luyssen a remonté le fil d’un cliché en noir et blanc, légendé et daté de 1945, trouvé par hasard dans une cabine téléphonique berlinoise il y a deux ans. Son enquête fait l’objet d’un article publié cette semaine dans Libération, qui revient sur les années nazies, et interroge à la fois le rapport à la mémoire collective et à la mémoire familiale.

Entre déni, loyauté et culpabilité, l’histoire des enfants Ludin prenant ce paisible bain en 1945 est une histoire «typiquement allemande» comme il est dit dans l’article. Et comme dans toute transmission familiale, chaque génération s’empare de son histoire comme elle le peut, en essayant de vaincre les tabous qui persistent, afin d’écrire les chapitres suivants le plus librement possible.

Myriam Levain

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