From: myriam levain

Résolution de rentrée: raconter l’histoire de vos familles!

La rentrée scolaire fait partie des moments qui rythment une année, qu’on soit encore à l’école ou pas, qu’on ait des proches qui le soient ou pas. C’est le temps des énergies nouvelles et des bonnes résolutions, et peut-être la période adéquate pour lancer les projets qui ont mûri ces derniers mois. Raconter l’histoire de sa famille n’est pas toujours une décision facile à prendre : il faut vouloir se confronter à certains silences et certains tabous, admettre que le temps file, il faut parfois se mettre d’accord avec beaucoup d’autres gens, il faut avoir du temps pour le faire soi-même, ou bien des moyens pour déléguer cette tâche à une tierce personne.
Chez Milim, nous le savons bien : démarrer une biographie familiale est souvent un long processus. Mais force est de constater que la quête des origines est omniprésente, elle est sans doute l’un des grands marqueurs de notre époque ; en témoigne la rentrée littéraire, qui comme l’année dernière, est truffée de livres consacrés à la transmission et à la famille. Et si le fameux déclic se trouvait entre toutes ces pages, dont nous avons fait ici une courte sélection ? Bonne lecture et bonne rentrée !
Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain

Les vacances, paradis de la nostalgie

Sur le moment, elles nous paraissent parfois interminables, qu’on soit un enfant en proie à l’ennui ou un parent épuisé. Pourtant, pour celles et ceux qui ont la chance de partir chaque été, les vacances restent souvent les souvenirs d’une vie, qu’on se remémore avec tendresse des années ou même des décennies plus tard. Parce qu’elles sont des moments hors du temps, mais aussi parce qu’elles sont des parenthèses familiales, les seules qui nous sortent de la routine de l’école ou du boulot. Pourtant, elles ne sont pas toujours idylliques, loin de là : combien de couples divorcent au retour de leurs congés ? Mais le passage du temps semble recouvrir nos souvenirs d’une couleur sepia, trahissant la réalité pour n’en garder que le meilleur.

Les tas de photos que nous nous apprêtons à prendre cet été en ce siècle Instagram viendront nourrir nos récits familiaux, et nous en redessinerons sans doute quelque peu les contours au fil des ans. Mais après tout, un souvenir se doit-il d’être absolument fidèle à ce qui s’est passé ? La mémoire est mouvante, elle nous accompagne à chaque âge. Qui sait ce que nous raconterons de nos albums 2023 dans 10, 20 ou 50 ans ? L’été arrive et nos souvenirs vont bientôt se fabriquer… Bonnes vacances !

Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain

Le témoignage biographique, un travail d’équilibriste

C’est un exercice d’équilibriste que de recueillir un témoignage biographique. Il faut en dire le maximum, mais il ne faut pas non plus en dire trop -en tout cas rien que ne pourrait regretter le ou la principale intéressée. Et il ne faut surtout pas en dire trop peu. Comment restituer la vérité d’un être qu’on vient de rencontrer ? Comment entrer dans l’intimité de familles qui ne sont pas les nôtres tout en restant à notre place de « passeuses » de parole ? C’est sur ce fil que nous marchons chez Milim, quand nous interrogeons vos proches pour en faire un podcast et un livre à transmettre à leur famille.

Nous vivons des moments intenses avec ces personnes dont nous recueillons le témoignage : il n’est jamais anodin de revenir sur les instants forts d’une vie, qu’ils soient heureux ou malheureux. Le temps de quelques entretiens, nous devenons des confidentes, des psys d’un jour ou bien des accoucheuses d’anecdotes enfouies dans les recoins d’une mémoire. Ce sont précisément ces moments qui rendent chaque parcours unique, et qui justifient que chaque vie soit racontée. C’est une grande joie pour nous de vous aider à construire ces récits, même s’il ne nous est pas toujours facile de décrire à quoi ressemblent nos journées de travail. C’est peut-être aussi bien comme ça : de cette alchimie mystérieuse naît la transmission de vos histoires. 

Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain

Transmettre les récits de la Shoah grâce au podcast

Notre tout nouveau podcast Milim est un projet qui nous tient particulièrement à cœur puisqu’il s’agit de raconter une partie de l’histoire de la Shoah en France pour la transmettre aux nouvelles générations. Pour réaliser Le récit inédit du sauvetage des archives de la Shoah, nous nous sommes plongées dans l’histoire du Mémorial de la Shoah, situé dans le quatrième arrondissement de Paris et devenu un lieu incontournable de la mémoire. Si nous sommes beaucoup à en connaître le Mur des Noms où figurent quasiment toutes les personnes juives déportées depuis la France, peu d’entre nous connaissent la genèse de son centre d’archivage, en plein chaos de la Deuxième Guerre mondiale.

Ecouter notre série de podcasts

En trois épisodes réalisés et montés par nos soins, mixés par le formidable Kevin O’Leary qui en signe également la musique, nous vous racontons le destin incroyable des personnes qui ont permis de collecter des documents rares et décisifs dans l’histoire du XXème siècle. Serge Klarsfeld nous raconte par exemple comment il a retrouvé l’original du télex d’Izieu qui a permis de faire condamner le nazi Klaus Barbie lors d’un procès devenu célèbre. Parce que les derniers témoins de cette page d’histoire sont en train de disparaître, il est plus urgent que jamais de partager les récits de la Shoah, et le podcast est en cela un média parfaitement adéquat. Merci à Flavie Bitan, du Mémorial de la Shoah, de nous avoir confié ce récit, qui, on l’espère, vous procurera autant d’intérêt à l’écoute qu’il nous en a procuré à la réalisation.

Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain

 

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Quand Joann Sfar nous fait découvrir son Algérie

Nous y avons pensé depuis le jour de notre rencontre et nous l’avons enfin fait: notre podcast La vérité si je mens plus, consacré à l’identité séfarade dans ses mille nuances, est enfin en ligne! Pour le premier épisode, nous avons reçu le dessinateur Joann Sfar qui est revenu pour nous sur son histoire juive algérienne, celle qui a inspiré le décor de son célèbre Chat du Rabbin, et dont il évoque la transmission dans La Synagogue. Ensemble, nous avons évoqué la mémoire millénaire des juifs en terre méditerranéenne, un héritage pas toujours aussi joyeux que les stéréotypes ne le laissent entendre.

Joann Sfar : « On apprend à être fier de l’identité séfarade »

C’est pour offrir un espace à ce judaïsme à la fois familier et méconnu que nous instaurons ce rendez-vous mensuel, en partenariat avec RCJ, disponible sur toutes les plateformes d’écoute. Après l’Algérie, c’est la Tunisie qui sera à l’honneur dans notre prochain épisode, où nous recevrons l’autrice Michèle Fitoussi, qui publie La famille de Pantin, un roman dédié à son bagage juif tunisien. À écouter et à partager!

Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain

 

Vos photos sont des trésors

Elles sont là, au fond d’un tiroir ou d’une boîte à chaussures, et nous ne pensons même plus à les regarder. Elles font partie des meubles, ces photos de nos aïeux que nous n’avons pas ou peu connus, dont nous ignorons la vie, les traits de caractère, les petits bonheurs, les espoirs et les illusions perdues… tout ce qui jalonne une existence.

Et pourtant, sur le papier glacé, leur visage est à portée de main, il nous semble qu’il nous parle et nous passe un message venu d’un autre temps. Nous sommes tenté·es d’interpréter une ressemblance physique ou un regard rieur quand, au contraire, une mine sombre paraît porteuse d’une mauvaise nouvelle. Parfois, en second plan apparaît un paysage inconnu ou un lieu familier. Les tenues, elles aussi, nous disent quelque chose de l’instant immortalisé, d’une époque, d’un milieu social ou d’un pays.

En partageant sur nos réseaux vos archives familiales, vous redonnez vie à ces parents plus ou moins lointains, et vous nous aidez à composer une mosaïque d’archives individuelles qui forment quelque chose de plus grand. Des petites histoires qui font la grande.

Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain

Le récit d’une vie, ça tient en combien de pages?

Lorsque nous parlons de notre activité chez Milim, nous nous entendons répondre régulièrement: «Je n’ai rien à raconter», «L’histoire de ma famille n’est pas intéressante», «Chez moi, il ne s’est rien passé d’incroyable», «Le récit de ma vie ne fera que quelques pages»… Beaucoup de gens croient qu’il faut s’appeler Winston Churchill ou Michelle Obama pour rédiger ses mémoires. Pourtant, il suffit de quelques minutes de discussion pour découvrir que chaque famille, même la plus banale en apparence, a vécu son lot d’aventures, de vaudevilles ou de drames, dont l’écho se transmet de génération en génération, sans que l’on n’arrive toujours à poser des mots dessus. Des vies qui, bien sûr, méritent d’être racontées, sur davantage que deux ou trois pages.

Avec nos témoignages biographiques sonores et écrits, nous proposons de vous accompagner dans ce processus, en interviewant vos proches, vos ami·es, vos collègues, et en en fabriquant un podcast et un livre. Si la démarche s’avère enrichissante pour les personnes que nous interrogeons et leur entourage, elle l’est tout autant pour nous, qui découvrons, au fil de l’échange, un parcours riche de rencontres, d’interrogations, de joies, de peines, de hauts, de bas, de succès, d’échecs. La vie, en somme. Entrer dans l’intimité de quelqu’un, c’est découvrir des choix qui auraient pu être les nôtres ou ceux de nos parents, qui le sont d’ailleurs parfois, c’est à la fois se projeter et écouter. Quelle que soit notre origine et notre trajectoire, nous faisons face aux mêmes questionnements, et c’est ce que nous découvrons chaque jour en travaillant chez Milim. L’intime est universel, on ne le répètera jamais assez.

Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain

« Les enfants des autres »: Transmettre sans être parent

Au cœur du nouveau film de Rebecca Zlotowski, Les Enfants des autres, il y a de nombreuses problématiques allant de la belle-maternité à la naissance d’un nouvel amour en passant par le deuil. Mais il y a une thématique qui nous est particulièrement chère chez Milim, c’est celle de la transmission. Au début du film, la protagoniste Rachel, jouée par Virginie Efira, n’est en effet ni en couple ni  mère à 40 ans, et se retrouve confrontée à la question des liens familiaux et de la transmission. Que transmet-on et à qui quand on n’est pas parent? Et quand on l’est, transmet-on pour autant?

Le film répond en partie à cette interrogation existentielle et propose plusieurs pistes. Déjà en faisant du personnage de Rachel une prof, qui suit certains élèves de plus près que d’autres et s’investit pleinement dans sa profession, centrale dans le partage des savoirs. Et comme la plupart d’entre nous, Rachel est aussi une sœur, une fille, une amante, une amie, une tante, une belle-mère… autant de rôles qui la mettent en position de léguer ce qu’elle vit et ce qu’elle sait. Car la transmission a-t-elle une autre vocation que celle de nous rassurer sur l’utilité de notre passage ainsi que sur les traces que nous laisserons ? Si la question se pose de façon plus aiguë pour une personne célibataire n’ayant pas d’enfants, elle est finalement assez universelle. La comédienne Virginie Efira, à la fois mère et en couple, dit d’ailleurs en interview que la lecture du scénario Les enfants des autres l’a renvoyée à sa propre solitude d’être humain. À cette question aussi vertigineuse que passionnante, la réalisatrice Rebecca Zlotowski, qui ne cache pas la part largement autobiographique de ce film, répond de façon lumineuse avec un film qui devrait parler au plus grand nombre.

Myriam Levain

Mémoire et filiation au cœur de la rentrée littéraire 2022

Si le prix littéraire Milim existait, nous aurions l’embarras du choix pour la sélection, tant la rentrée littéraire est riche en plumes explorant leur héritage familial. Qu’il s’agisse d’une mémoire géographique (l’Algérie de Kaouther Adimi et Emmanuel Ruben, le Liban de Sabyl Ghoussoub, le Sénégal d’Amina Richard, le Kurdistan de Mehtap Teke, la Russie de Polina Panassenko, l’Espagne de Maria Larrea…) ou d’une quête psychanalytique –Anthony Passeron, Maud Simonnot, Emma Marsantes, Sarah Jollien-Fardel, Xavier Le Clerc écrivent sur le sida, le deuil, le suicide, la maltraitance et la misère qui ont marqué leurs familles. Enfin la mémoire de la Shoah est encore vivace et se trouve au cœur des romans de Lola Lafon, Cloé Korman, Sonia Devillers et Joachim Schnerf.

La transmission familiale est un puits sans fond de création littéraire et n’a pas attendu 2022 pour s’inviter dans les pages des romans, mais toutes ces autrices et auteurs ont en commun d’aller chercher directement l’inspiration dans les bagages de leurs parents, ceux qu’ils n’ont pas réussi à ouvrir ensemble, et que la plus jeune génération est parfois lassée de trimballer. Une démarche dans laquelle nous nous reconnaissons parfaitement et qui est à l’origine même de notre société Milim: il flotte décidément dans l’air de cette rentrée un parfum d’enquête et de quête familiales.

Myriam Levain

Dans les albums de famille nazis

Les photos de famille n’en finissent pas de révéler leurs secrets, même quand ce ne sont pas les plus glorieux. La journaliste Johanna Luyssen a remonté le fil d’un cliché en noir et blanc, légendé et daté de 1945, trouvé par hasard dans une cabine téléphonique berlinoise il y a deux ans. Son enquête fait l’objet d’un article publié cette semaine dans Libération, qui revient sur les années nazies, et interroge à la fois le rapport à la mémoire collective et à la mémoire familiale.

Entre déni, loyauté et culpabilité, l’histoire des enfants Ludin prenant ce paisible bain en 1945 est une histoire «typiquement allemande» comme il est dit dans l’article. Et comme dans toute transmission familiale, chaque génération s’empare de son histoire comme elle le peut, en essayant de vaincre les tabous qui persistent, afin d’écrire les chapitres suivants le plus librement possible.

Myriam Levain