Mémoire et filiation au cœur de la rentrée littéraire 2022

Si le prix littéraire Milim existait, nous aurions l’embarras du choix pour la sélection, tant la rentrée littéraire est riche en plumes explorant leur héritage familial. Qu’il s’agisse d’une mémoire géographique (l’Algérie de Kaouther Adimi et Emmanuel Ruben, le Liban de Sabyl Ghoussoub, le Sénégal d’Amina Richard, le Kurdistan de Mehtap Teke, la Russie de Polina Panassenko, l’Espagne de Maria Larrea…) ou d’une quête psychanalytique –Anthony Passeron, Maud Simonnot, Emma Marsantes, Sarah Jollien-Fardel, Xavier Le Clerc écrivent sur le sida, le deuil, le suicide, la maltraitance et la misère qui ont marqué leurs familles. Enfin la mémoire de la Shoah est encore vivace et se trouve au cœur des romans de Lola Lafon, Cloé Korman, Sonia Devillers et Joachim Schnerf.

La transmission familiale est un puits sans fond de création littéraire et n’a pas attendu 2022 pour s’inviter dans les pages des romans, mais toutes ces autrices et auteurs ont en commun d’aller chercher directement l’inspiration dans les bagages de leurs parents, ceux qu’ils n’ont pas réussi à ouvrir ensemble, et que la plus jeune génération est parfois lassée de trimballer. Une démarche dans laquelle nous nous reconnaissons parfaitement et qui est à l’origine même de notre société Milim: il flotte décidément dans l’air de cette rentrée un parfum d’enquête et de quête familiales.

Myriam Levain